L’Approche Narrative et le golf.
« J’ai bien démarré ma partie, avec 2 pars et un birdie puis au départ du trou numéro 4, j’ai envoyé mon drive hors limites. Et là, ça s’est dégradé et j’ai perdu mes moyens. Au 5, comme d’habitude, j’ai mis une balle dans la mare. Mon putting était très mauvais. J’ai fait dix fois 3 putts »
Voici un récit parmi d’autres, entendu au bar du Club House, lorsque les golfeurs se retrouvent, autour d’un verre, après une compétition. (Que les non golfeurs me pardonnent l’utilisation de ce vocabulaire bien particulier.)
Dans l’impossibilité de raconter, en détails, tout ce que nous avons vécu pendant notre partie de golf, nous allons faire des choix et sélectionner certains événements. Nous construisons ainsi une histoire, autour d’un thème spécifique. Ce récit pourra varier selon notre interlocuteur. Le soir, face à un conjoint non golfeur, le récit sera probablement différent. Le joueur choisira peut-être de raconter qui étaient ses partenaires et de quoi ils ont parlé.
Ces différentes histoires se déroulent autour d’un thème comme « je n’ai pas de chance » ou « j’aime les défis » ou « je perds mes moyens en compétition » ou encore « je suis un joueur sympathique »
Pour raconter cette histoire, nous sélectionnons des évènements particuliers de nos expériences et nous laissons de côté les éléments qui ne vont pas dans le sens de cette histoire. De parcours en parcours, notre histoire va s’enrichir d’autres anecdotes en rapport avec ce thème préféré.
Cette histoire dominante que je raconte va avoir une influence sur mes parties futures. Suivant le thème choisi, le récit aura des effets positifs ou négatifs. L’histoire « je perds mes moyens » n’aura pas le même impact sur mon jeu futur que « j’aime les défis ». En abordant la compétition suivante, cette conclusion négative « Je perds mes moyens en compétition » va me prédisposer à échouer et ensuite renforcer cette idée que je n’arrive pas à jouer, à mon meilleur niveau, dans ce contexte, alors que l’histoire « j’aime les défis » va me stimuler, activer mon niveau d’engagement, m’aider à surmonter les difficultés et contribuer ensuite à enrichir cette idée.
Nos vies sont multi histoires. Pour expliquer ce qui s’est passé et donner du sens à ce que nous avons vécu, nous interprétons les événements de notre vie. Nous donnons du sens à notre vécu à travers nos différents filtres (génétiques, culturels, éducatifs, personnels). Ces histoires de vie évoluent dans un contexte spécifique, elles se nourrissent de croyances particulières. Ce contexte influence les interprétations que nous faisons, les significations que nous donnons aux événements.
Nous pouvons déconstruire les histoires négatives qui nous amènent à des conclusions limitantes sur nos capacités et nous enferment dans des scénarios écrits d’avance et nous poser quelques questions : Quelle histoire je raconte ? Comment cette histoire s’est elle forgée ? Dans quel contexte ? Quels effets a t-elle sur mon jeu ? Sur mon attitude ? Qu’est-ce que je me donne d’important en choisissant de raconter cette histoire ? Qu’est-ce que cela me permet de faire ? Qu’est-ce que cela dit de moi ? Quel autre récit est-ce que je pourrais faire de ma partie ? Quels sont les coups dont je peux être fier ? Quel aspect de mon jeu est-ce que je peux améliorer ?
Envahis par l’histoire dominante, nous généralisons une expérience à l’ensemble des événements vécus, oubliant toutes les exceptions, toutes les fois où nous avons réussi, par exemple, à franchir la mare du 5 ou à rentrer un long putt en compétition. Nous omettons alors de raconter cette autre histoire de notre partie, tellement plus riche et positive.
Dans notre parcours de vie, comme au golf, apprenons à faire un récit plus vrai et plus réaliste de nos actions. Apprécions nos succès et appuyons-nous sur nos résultats pour continuer d’apprendre et de progresser.
Que faire si ce que tu ressens est négatif? Essayer d’en découvrir les points positifs peut aussi mener à nier ses sentiments négatifs, à se tromper soi-même. Exprimer ses sentiments négatifs peut également être un bon exutoire!
Merci Florence pour ton message. Il ne s’agit pas de nier les sentiments négatifs, bien au contraire. Ils sont porteurs de messages et ont un sens qu’il est important de reconnaître. Il s’agit de ne pas se laisser enfermer dans des histoires où le négatif domine et envahit la vie de la personne au point de ne plus être capable de voir le positif. Fabienne