La gestion de la réussite.
Alors que la gestion de l’échec est très largement évoquée dans bon nombre de livres et dans de nombreuses formations, « l’après-victoire » est rarement mentionnée, comme si une belle performance ne pouvait avoir que des conséquences positives et agréables. Pourtant, sans la conscience de ce qui se passe réellement et une prise de recul par rapport aux événements, certains effets du succès peuvent être nocifs pour la suite.
Paradoxalement, plusieurs facteurs peuvent contribuer à la déstabilisation du sportif de haut niveau qui vient de remporter sa première victoire :
- Le changement de statut social : du jour au lendemain, le vainqueur d’un tournoi sort de l’ombre. Il reçoit des marques d’intérêt des uns, des félicitations des autres. Ses proches sont fiers de sa performance et le lui manifestent.
- Les nouvelles attentes : que ce soient les proches, les médias ou plus largement le public, toutes les personnes vont suivre l’évolution du vainqueur et générer de nouveaux espoirs de réussite que le sportif, inconsciemment, redoutera de pouvoir satisfaire.
- La baisse de motivation : l’obtention de ce résultat, surtout lorsque celui-ci est le but ultime que le sportif s’est fixé, peut entraîner un manque d’intérêt pour la suite de sa carrière.
- L’atteinte de l’état de grâce : cet état mental, appelé « flow » ou « zone« , amène le sportif dans un état de conscience modifié qui se suffit à lui-même et peut l’éloigner du plaisir de pratiquer en l’amenant à vouloir, à tout prix, retrouver cet état.
Quelques pistes pour gérer « l’après-victoire » et se remettre dans des conditions favorables à l’action performante :
- Avoir conscience que le système a changé et que de nouvelles interactions se sont créées entre le sportif et son environnement.
- Prendre du recul par rapport à l’événement vécu et le re-situer dans un contexte plus large.
- Voir cette victoire comme une étape et non comme un aboutissement.
- Revenir à sa motivation profonde où la victoire n’est pas une fin en soi, où les buts de maitrise et de performance personnelle sont plus forts que les buts de renforcement de l’égo.
- Reprendre l’entraînement, concentré sur les moyens et présent à ce qui se passe.
- Aborder le tournoi suivant avec l’intérêt que suscite quelque chose de nouveau, tout en s’appuyant sur les expériences passées.
- Pratiquer pour le plaisir de faire et de progresser, sans rien attendre ni redouter.
- Créer les conditions qui vont permettre à l’état de « flow » de s’inviter dans la personne, sans que celle-ci cherche à le reproduire volontairement.
Les sportifs, poussés par des motivations extrinsèques de domination et de renforcement de l’égo, seront plus facilement sensibles au stress et au découragement, dans les moments difficiles. Ils recherchent essentiellement la victoire pour la victoire.
Ceux dont la motivation est essentiellement intrinsèque recherchent, avant tout, des buts de maitrise et tirent leurs principales satisfactions des progrès accomplis sur eux-mêmes, bien au delà de la victoire.
Créer les conditions qui vont permettre à l’état de “flow” de s’inviter dans la personne, sans que celle-ci cherche à le reproduire volontairement……..!
Comment faire cela ??
L’idée est de ne pas vouloir retrouver, à tout prix, cet état éphémère, lorsqu’on l’a connu.
Le psychologue du sport, Jim Taylor, donne une image simple pour illustrer cette idée : « C’est un peu comme dormir, vous ne pouvez pas vouloir dormir ! Ce que vous pouvez seulement faire, d’est créer les conditions dans lesquelles le sommeil viendra (lit confortable, pièce tranquille, corps relâché…) ».
Et vous avez raison, comment faire ? Si pour chaque personne, ces conditions peuvent être différentes, on retrouve des ingrédients de base, tels que la clarté des intentions, la certitude de pouvoir atteindre son objectif, le plaisir de faire et une grande motivation.
Travailler chacun de ces éléments (et d’autres encore) va permettre de créer un environnement propice dans lequel les différentes composantes de l’état de « flow » pourront s’ajouter progressivement.
Merci pour votre commentaire.
Fabienne Churet