« Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends » Nelson Mandela.
Qu’est-ce que je m’apprête à faire de l’expérience que je vis ? Suis-je prêt(e) à la vivre pleinement et à l’intégrer à un processus d’évolution personnelle ? Si non, qu’est-ce qui m’en empêche ?
Sur un parcours de golf, comme dans d’autres domaines de vie, la plupart des actions que nous menons se déroulent de la façon suivante, en plusieurs étapes :
- une prise de conscience
- une analyse de la situation
- le choix d’une option
- la prise d’une décision
- l’élaboration d’un plan d’actions
- la mise en place et en action de moyens
- l’obtention d’un résultat.
Parfois, la pression du résultat est tellement forte que nous restons « bloqués » au niveau de la prise de décision : « J’y vais ou j’y vais pas ? ». Il est essentiel, à ce stade, de s’interroger sur les raisons profondes qui nous poussent à y aller (ou pas) et à prendre conscience du poids de l’enjeu dans notre décision. Si l’objectif principal d’un golfeur qui participe à un tournoi est de le gagner (motivation extrinsèque), il est néanmoins fondamental qu’il ait d’autres motivations (motivations intrinsèques). Sinon, il risque de repousser longtemps sa décision de participer en prétextant qu’il n’est pas encore prêt.
Intégrer l’idée qu’il est possible de ne pas obtenir le résultat escompté, cohabiter avec l’idée qu’il est possible de ne pas réussir, de ne pas faire de performance, de ne pas gagner, de ne pas décrocher un contrat, de ne pas être embauché … c’est éviter de se focaliser sur le résultat et la pression de l’enjeu afin d’explorer toutes les raisons qui vont nous inciter à y aller. C’est ce qui nous fera dire, même lorsque le résultat n’est pas à la hauteur de nos espérances : « J’ai eu raison d’y aller, j’ai atteint mes objectifs de moyens en améliorant ma performance personnelle ».
Lorsque le résultat n’est pas conforme à nos attentes, la façon dont nous allons alors réagir va être déterminante pour la suite. Dans une société qui nous pousse à être performant, l’échec est difficilement acceptable. Afin de s’en protéger, nous finissons par adopter des attitudes extrêmes, telles que se déconnecter de la réalité, positiver à l’extrême ou se déresponsabiliser. Si nous considérons que le résultat d’une action influence inévitablement l’action suivante, le fait de nier la réalité enlèvera toute chance de pouvoir s’appuyer sur une expérience vécue pour progresser.
Apprendre du résultat consiste à prendre le temps de :
- Nous arrêter sur l’expérience vécue, nos ressentis, nos comportements et actions du moment.
- Accueillir la part de nous qui est frustrée, déçue, dépitée de constater que les actions mises en oeuvre n’ont pas permis d’obtenir le résultat souhaité.
- Apprécier les aspects positifs de la situation, les petites victoires.
- Comprendre à quels facteurs nous pouvons attribuer nos erreurs.
- Considérer nos points à améliorer.
- Voir à quelle(s) étape(s) du processus nous pouvons intervenir.
- Déterminer quelle nouvelle compétence éventuelle serait nécessaire.
- Décider des moyens à mettre en oeuvre.
- Nous engager d’une manière positive et déterminée dans cette voie d’amélioration.
- Rester patient !
Apprendre n’est pas uniquement lié à l’acquisition de connaissances et de savoir-faire. En plus du processus mental, la façon d’apprendre implique une dimension corporelle et émotionnelle où la notion de plaisir ou de déplaisir, liée à l’expérience vécue, va nous inciter à poursuivre ou non l’atteinte de notre objectif. S’appuyer, avec enthousiasme et curiosité, sur les expériences que nous vivions, était ce que nous faisions spontanément quand nous étions enfants. Nous sommes tous les créateurs d’une vie riche, passionnante et unique dès lors que nous apprenons à capitaliser sur nos expériences et à faire ainsi que chacune d’elles devienne une ressource pour évoluer.
Bonjour, et merci de ce bel article qui permet de clarifier cette démarche.
Je le trouve très juste au niveau personnel, plus difficile au niveau social et professionnel.
Le toujours plus performant pour moins de coût (donc de moyen) n’est-il pas traumatisant ?
Comment gérer et transformer ce déplaisir, cette non-poursuite de l’objectif ?
Capitaliser cette expérience d’un relatif échec pour retourner à la spontanéité de l’enfant qui rebondit est très motivant. Celà implique beaucoup de présence à nous-même, et à notre corps… donc à l’humain dans sa globalité qui n’est pas seulement esprit, mais aussi corps. Et à la condition de distinguer l’esprit du mental qu’implique la notion de détachement.
Il nous faut du courage et le soutien d’un entourage (d’un coach?).
L’environnement social et sociétal le permet-il ?
Comment faire évoluer la notion de travail en le dégageant de la notion de torture qui est dans l’origine du mot latin « tripalium ». Un objectif sans les moyens de l’atteindre ne devient-il pas un traumatisme, une torture ?
bonjour et merci à toi Fabienne pour cet article qui formalise si clairement un processus que nous partageons. Framboise, vous parlez de torture au travail. C’est vrai qu’il a cet aspect là. et … il y a un autre aspect que nous avons pour beaucoup perdu : celui de travail en sens « d’oeuvre », le travail de l’artisan compagnon … Je ne sais si ce concept est applicable dans le milieu dans lequel vous travaillez. Et la question est (peut être) : « comment faire pour que mon activité quotidienne devienne une oeuvre ? »
Alors le « chaque jour sur le métier, remets ton ouvrage » … ouvrage … d’oeuvre. Je fais le lien avec le processus proposé par Fabienne. Qui n’est pas en accord avec les exigences de résultats immédiats et constamment « toujours plus » avec « toujours moins de moyens » que l’on peut trouver dans certains milieux. Je me sens démunie …
Merci à chacun de vous pour vos commentaires et interrogations tellement pertinentes.
Je voudrais revenir sur la notion de « moyens » en faisant référence à la définition du Larousse :
« – Ressources pécuniaires, fortune, richesse : Mes moyens ne me permettent pas cet achat.
– Possibilités ; capacités dont on dispose pour faire quelque chose, en particulier ressources, matériel, etc. : Des moyens énormes sont mis à la disposition de cette région sinistrée.
– Facultés naturelles et permanentes d’une personne dans l’ordre physique ou intellectuel : Un athlète en pleine possession de ses moyens. »
Parler de « ressources » en évoquant les « moyens » me plait bien et montre, peut-être, de façon plus explicite, l’idée que nous avons des ressources externes sur lesquelles il n’est pas toujours facile d’agir et des ressources internes qui nous appartiennent.
La sagesse ne serait-elle pas de relire la phrase de Marc Aurèle : « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. »
Fabienne Churet