Comme dans les autres domaines de notre vie, nous retrouvons, au golf, les émotions de base universellement connues : peur, colère, tristesse et joie qui se déclinent plutôt, selon moi, en ces termes : pression, frustration, déception et plaisir. Elles expriment, avec toute leur palette de nuances, notre degré de contentement ou de mécontentement et des besoins à satisfaire : besoin de reconnaissance, de réassurance, de réparation, de partage, d’affection, d’attention… Sur les parcours, certaines sont plus présentes que d’autres et le plaisir y est malheureusement trop souvent absent.
Peu de golfeurs avouent connaître le stress ou la pression, malheureusement trop souvent associés à des émotions dites « négatives ». Coupés de leurs ressentis, ils risquent alors de se priver de messages importants et d’une énergie indispensable. En effet, les émotions jouent un rôle fondamental dans nos vies. Elles ne sont ni « négatives », ni « positives », elles sont agréables ou désagréables. Et elles ont un impact sur notre physiologie, notre façon de penser et nos comportements…
Si leur intensité excessive peut entraver notre capacité à raisonner et nous faire perdre nos moyens, leur déni peut altérer notre aptitude à le faire. Nos émotions nous livrent un message qui peut être un signal pour agir et nous adapter à la situation que nous vivons. En les refoulant, nous nous éloignons de la possibilité de choisir un comportement adapté.
Les émotions affectent également nos souvenirs. Ceux vécus avec beaucoup d’émotion sont gravés plus intensément dans notre mémoire. Des « autoroutes neuronales » sont ainsi créées et à la moindre évocation, l’événement passé sera totalement réactivé. D’où l’intérêt d’associer des émotions telles que la joie, la fierté ou le plaisir à nos succès et d’analyser, de manière factuelle, nos échecs.
S’il est peu ou pas habituel d’exprimer et de partager nos émotions au golf, nous pouvons néanmoins faire un travail en plusieurs étapes, pour nous-mêmes, comme dans l’exemple qui suit :
- Reconnaissons le fait qu’une émotion nous envahit et accueillons-la : « Je sens que l’inquiétude me gagne et c’est OK »
- Voyons comment l’émotion se manifeste et quel effet elle a sur notre physiologie : « Mon cœur bat plus vite et j’ai les mains moites »
- Observons nos tendances comportementales, sans jugement : « Je néglige ma routine et précipite mon mouvement »
- Identifions cette émotion précisément et nommons-la : « J’ai peur de jouer avec des inconnus »
- Cherchons quelle en est l’origine ou la croyance qui la génère : « Que vont-ils penser de moi si je joue mal ? »
- Demandons-nous quel est le besoin sous jacent : « la bienveillance, la tolérance, l’indulgence… ? »
- Exprimons ce besoin pour nous-même : « Je m’accepte tel que je suis et je peux faire des erreurs »
- Intéressons-nous, dans l’instant, à une chose concrète, qui fait appel à nos sens : « Je porte mon attention sur ma respiration. J’inspire profondément par le nez et j’expire lentement par la bouche en allongeant le temps d’expiration ».
L’idée est de reconnaître l’émotion présente, de l’accepter sans chercher à la nier ou à la refouler puis de s’intéresser totalement à quelque chose de concret, dans l’instant présent. Ce retour à des sensations corporelles évite d’amplifier l’émotion en restant fixé sur elle. Il sera toujours temps par la suite, si c’est nécessaire, d’explorer ce qui nous perturbe.
Si nos émotions passent par notre corps et affectent nos comportements, c’est grâce à notre corps et en changeant nos comportements que nous pourrons agir sur elles. C’est ce point que je développerai dans le prochain article et qui vous permettra d’expérimenter différents exercices liés au corps et aux sens.
Rendons sa place à l’émotion, entre le déni et le débordement total ! Retrouvons la liberté d’agir, au golf comme ailleurs, mobilisés par des émotions porteuses de motivation !
Merci pour cet article très intéressant et juste.
OUI, j’avoue qu’au départ je suis stressée. Peur de rater le 1er coup et selon la réussite ou non, je suis envahie par des émotions positives ou négatives. Les pensées se succèdent : « ça commence bien ! » ou « ça démarre mal ! ». Conséquences négatives : pas de relâchement, exécution trop rapide, je pense technique.
Je me raisonne en me disant que chaque coup est unique. Oui, les partenaires avec qui je joue peuvent influencer (au départ seulement, lorsque trop bien classés par exemple) mais ensuite je les oublie et rentre dans ma bulle. mon résultat final n’est jamais dû à mes partenaires , je suis seule responsable de ma qualité de jeu.
Oui j’ai envie de me faire plaisir, mais quand je joue mal, je suis frustrée! Il est bien sûr indispensable d’accepter les mauvais coups.
Et ne penses tu pas que notre comportement sur le terrain est le reflet de ce que nous sommes dans la vie de tous les jours ?
Bénédicte
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